En 1992, la rénovation du Musée des Beaux-Arts de Rouen redessine les espaces d’un lieu historique, révélant une architecture qui allie rigueur et délicatesse. Andrée Putman, par touches maîtrisées, insère son style moderniste sans jamais rivaliser avec les œuvres : ses interventions mettent en lumière les salles comme des hommages à l’art lui-même. Le sol se pare, dans le Jardin des sculptures, d’un motif triangulaire noir et blanc qui court en périphérie et cadre la pièce, rappelant celui du Concorde. Les murs et éclairages sculptent les volumes avec une douceur respectueuse, tandis que les espaces de circulation s’ouvrent et les éclairages dirigés valorisent les cimaises. La scénographie offre au visiteur une lecture renouvelée des collections permanentes — faire sentir la présence des œuvres dans le silence du lieu. Dans ce musée, l’art de la rénovation prend tout son sens : se révèle l’élégance d’un lieu qui accueille les chefs-d’œuvre anciens et modernes dans un écrin de modernité tranquille, où la lumière, la proportion et le détail témoignent d’un équilibre subtil entre patrimoine et exigence contemporaine.